Le grand casino de la plage
Il trône à l'extrémité ouest du remblai, à deux pas de la jetée. Le Casino des Atlantes, installé au coeur du Centre des congrès du même nom, n'est ni plus ni moins que le descendant du Grand Casino de la Plage, édifi é en 1876. Ce dernier connut des heures fastes, de la Belle Epoque aux Années folles. Et plus sombres pendant les deux guerres mondiales. Des générations de Sablais et de touristes s'y sont diverties. Retour sur une histoire haute en couleur A l'instar de Joa Casino à la Rudelière, le Casino des Atlantes n'a plus rien de commun avec son ancêtre le Grand Casino de la Plage, érigé en 1876. Dessiné par Gustave Eiffel, qui travaillait déjà à la construction d'ouvrages ferroviaires le long de la ligne vendéenne, ce dernier était "un élégant établissement de fer et de verre bien agencé à la fois grandiose et élégant" comme le décrit à l'époque le Guide de l'étranger. Il abritait alors une salle de théâtre, des salons de lecture, de conversation, de danse, de jeu et de billard. Il fut le deuxième casino construit aux Sables-d'Olonne après le Grand Casino créé par Jules Lafeuille en 1846 sur la promenade du remblai, non loin de là. Ce dernier deviendra un hôtel et portera successivement les noms d'hôtel du Vieux Casino puis de Grand Hôtel du Casino, établissement au luxe affirmé. A l'époque, la station jouissait d'une réputation inégalée sur toute la côte atlantique et accueillait une clientèle aisée parmi laquelle figurent entre autres les noms d'Alfred de Musset et du comte de La Fayette... On venait s'y divertir et goûter aux vertus des bains de mer. On y dénombrait trente-cinq hôtels et plus de mille chambres confortables... En 1878, en faillite, la Compagnie des chemins de fer de Vendée vend le Grand Casino de la Plage à la Compagnie des chemins de fer d'Etat. L'établissement continue à se développer, grâce notamment au soutien de la Ville. Un vaste jardin public y est aménagé "afi n que les baigneurs en profitent l'été et les Sablais l'hiver". En 1892, l'établissement est vendu à Etienne Chapautau, un ex-lutteur de la région de Bordeaux. Des troupes d'opérette et d'opéra comique et des orchestres s'y produisent au fil de la saison estivale.
"Détruit par les Allemands"
En 1910, après le décès de M. Chapautau, le Grand Casino vendu aux enchères à la famille Il devient alors le Casino municipal. Mais la Première Guerre mondiale éclate. Les divertissements sont interdits. Le bâtiment est transformé en hôpital. Il ne rouvre ses portes qu'en 1919. Pièces de théâtre, bals, fêtes y battent à nouveau leur plein. Mais le répit sera de courte durée. Arrive la Seconde Guerre mondiale. Après avoir abrité des Belges, le casino est réquisitionné par les Allemands qui, quelques années plus tard, avant de quitter les lieux, le détruiront en faisant sauter les blockhaus qu'ils y avaient édifiés. En 1950, la Ville, soutenue par l'Etat, rachète le casino qui rouvre ses portes en 1951. Sa gestion est alors confiée à Léo David, président du comité des fêtes et créateur du groupe folklorique Le Nouch. Celui-ci conservera la concession jusqu'en 1966. Puis Pierre Mauger, le maire de l'époque, attribuera la direction à M. et Mme Georges Siboun, alors propriétaires du cinéma Le Palace.
En 1975, l'établissement connaît d'importantes transformations. Rebaptisé Le Casino de la Plage, il se voit doter d'une vaste façade vitrée en pente douce. Les magnifiques fresques d'Henri Simon qui décoraient l'intérieur, elles, disparaissent. Dix ans plus tard, le bâtiment est de nouveau entièrement démoli pour laisser place au Centre des congrès des Atlantes, à l'architecture résolument contemporaine. Outre le casino, l'édifice accueille l'office de tourisme ainsi que plusieurs salles de spectacles et de conférences que l'on connaît aujourd'hui. "Au cours du chantier", raconte Jeannine Hoffmann dans sa Chronique des casinos sablais, "les ouvriers eurent la désagréable surprise de découvrir des obus laissés depuis 1944 par les Allemands, qui retardèrent les travaux et augmentèrent cruellement la note". En 1999, Georges Siboun tire sa révérence en vendant ses actions au groupe Accor casino. Signant ainsi la fin d'une époque.
Textes : Séverine Le Bouris Photos : collections archives municipales des Sables-d'Olonne
Editions Kairos
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