Le Remblai, chic et éclectique

Les amoureux du patrimoine architectural sablais vont se régaler. Un très beau livre retraçant un siècle d'architecture et d'histoire balnéaires de la ville de 1850 à 1950 vient de paraître aux Editions de Beaupré. Photos, reconstitution dessinée du Remblai au début du XIXe et témoignages... cet ouvrage, signé de l'historienne d'art Louise Robin, est un bijou. A déguster sans modération.

Architecture sablaise 1

Nantaise mais de souche vendéenne, l'historienne d'art Louise Robin entretient une relation quasi passionnelle avec Les Sables-d'Olonne et plus encore avec son architecture. "Le patrimoine architectural sablais est largement sous-évalué", martèle-t-elle. Une injustice qu'elle souhaite réparer en apportant la preuve de cette richesse dans cet ouvrage exceptionnel sur l'architecture et l'histoire balnéaires de la ville.

Architecture sablaise 2

Trois cent quatre-vingt-quatre pages, plus de 300 photos signées Vincent Jacques, une superbe reconstitution panoramique du Remblai dessinée par l'architecte David Bizeul, et une foule d'informations et d'anecdotes glanées au fil d'une vingtaine d'entretiens... Un vrai trésor !

"A l'occasion d'une conférence pour les amis du Musée des Sables, je me suis aperçue que l'architecture balnéaire n'avait jamais fait l'objet d'une publication destinée au grand public, les seules recherches existantes ayant été réalisées dans le cadre de l'inventaire général du patrimoine destiné aux spécialistes", raconte-t-elle.

En fouillant d'abord dans l'histoire de ces villas qui ont survécu à la folie immobilière destructrice des années 1960 à 90, puis dans celles qui ont été plus ou moins transformées, elle a découvert de véritables pépites. "J'ai compris qu'il fallait redonner à la ville la mémoire de sa place au XIXe siècle, l'une des premières stations balnéaires de la côte atlantique". L'historienne a d'abord commencé par organiser des visites commentées du Remblai, multiplié les conférences, puis l'idée d'un livre a germé.

Des histoires de vie

Architecture sablaise 3

C'est là qu'elle fait la rencontre de Michel Brossard, "un éditeur doté d'une grande passion pour le patrimoine architectural du Pays des Olonnes", lui-même auteur déjà d'un très bel ouvrage "Maisons d'armateurs des Sables-d'Olonne". Ensemble, ils ont décidé de se lancer dans l'aventure. "Ma mission en tant qu'historienne d'art a été de produire un plan, avec une approche à la fois historique et esthétique. Mais j'ai choisi une orientation singulière, refusant d'emblée que ce soit un livre purement architectural, et voulu le doubler d'une approche anthropologique. En clair, il y a des maisons, mais aussi des hommes et des femmes qui les ont construites et habitées. Au-delà des données brutes, j'ai tenté de rendre l'architecture vivante en parlant de ces gens là". Pour cela, Louise Robin a accompli un véritable travail de fourmi, écumé les fonds des archives de la bibliothèque du Musée de l'Abbaye Sainte-Croix, passé des journées entières aux Archives départementales pour interroger les parcelles des maisons, écouté les témoignages de descendants de propriétaires... Le résultat est là. Une soixantaine de maisons, principalement situées sur le Remblai, et d'autres en arrière-plan, plutôt vers les quartiers du "Bout de ville", décrites par le menu, et des histoires de vie. Un magnifique inventaire, même s'il est non exhaustif. "Il y a des maisons dont je n'ai pas pu parler, faute d'informations suffisantes". Néanmoins, ces recherches ont permis de reconstituer en dessins 2km du Remblai tel qu'il était au début de XXe siècle.

Un éclectisme révélateur Remarquablement dessiné par l'architecte David Bizeul, ce panorama du Remblai révèle l'éclectisme architectural qui régnait à l'époque (et existe toujours dans un genre différent) sur le front de mer. "Un éclectisme révélateur du goût pour le pittoresque et l'originalité des villégiateurs de l'époque", commente Louise Robin. "On y trouve du régionalisme (néo-normand, néo-flamand, néo-orientaliste, bretonnant, puis néo-basque), de l'historicisme (néo-gothique, néo-baroque...), de l'art nouveau, de l'art déco et une pointe de modernisme. Il s'agissait de se faire plaisir, en dehors des contraintes imposées par l'architecture urbaine, d'être ostentatoire aussi pour exprimer sa réussite et sa richesse".

Editions Kairos

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