L'histoire du casino des sports devenu casino des pins
Un casino familial Niché au coeur du bois de la Rudelière, le Casino des Pins du groupe Joa, ex-Casino des Sports, est le quatrième établissement de jeux construit aux Sables-d'Olonne. Son histoire est celle de la famille Alonzo-Hoffmann qui, pendant trois générations, présida aux destinées de cette entreprise devenue très vite un des hauts lieux de divertissement en Vendée. Petite plongée dans le siècle dernier. C'était il y a quatre-vingts ans.
A l'époque, le Grand Casino de la Plage, de style Eiffel, construit en 1876, trônait, grandiose et élégant, au bout du remblai. Tout aussi charmant, le Casino des Pins, "réduction heureuse du Moulin rouge", édifié en 1896 par Jean Nicot, connaissait des heures difficiles après avoir été un rendez-vous très prisé des Sablais. "L'économie de la station souffrait autant de la crise économique que de la station concurrente : La Baule-les-Pins", raconte Jeannine Hoffmann, ex-directrice du Casino des Sports, auteure de la Chronique des casinos sablais. Quant au grand projet de casino-hôtel supervisé par Maurice Durand, sorti de terre à la fin 1924 à l'intersection de la promenade Kennedy et de l'avenue Paul-Doumer, il avait échoué lui aussi cinq ans plus tôt pour des raisons à la fois économiques et... de coeur, le financeur s'étant aperçu que sa compagne le trompait avec le futur directeur déjà engagé ! Jeune promoteur immobilier parisien, fourmillant d'idées, Alphonse Alonzo décide de transformer le buffet du Parc des Sports de la Rudelière en casino. Après d'importants travaux, l'établissement de style Art déco ouvre ses portes l'été 1929. Cinq ans plus tard, M. Alonzo obtient, de haute lutte, l'autorisation d'y pratiquer des jeux de hasard. Le Casino des Sports et ses terrains de tennis deviennent un lieu incontournable de la station balnéaire.
Hélas... le 26 août 1939, salles de jeu et de danse doivent fermer. La mobilisation pour la Seconde Guerre mondiale a commencé. Le casino héberge dans ses murs des étudiants belges en fuite puis des réfugiés des Ardennes. En 1941, il est réquisitionné pour les distractions des troupes occupantes. Enfin, le 20 avril 1946, repeint et rénové, il rouvre ses portes. Suivent des années fastes, dans l'allégresse générale de l'après-guerre.
Première discothèque de vendée
Le 20 novembre 1951, Alphonse Alonzo s'éteint à l'âge de 68 ans. Son épouse, ainsi que sa fille Jeannine et son gendre Pierre-Xavier Hoffmann, reprennent la direction de l'entreprise. En 1953, Pierre-Xavier Hoffmann, entrepreneur dynamique, fait construire un golf miniature arboré, donne un coup de jeune aux salles du casino puis crée en 1959 la première discothèque de Vendée, entièrement décorée par son ami Albert Deman, artiste peintre renommé. Mais le 14 juillet 1960, au petit matin, alors qu'il rentre à son domicile après la fermeture de l'établissement, la chaussée du remblai près de Tanchet s'effondre sous les roues de sa 403 Peugeot. Seule avec ses enfants - Catherine, Isabelle, Xavier et Jean-Jeannine Hoffmann, femme de caractère, ne baisse pas les bras. Bien qu'inquiétée par des renouvellements de bail aléatoires et des besoins de trésorerie, elle maintient le cap et parvient à obtenir les financements pour la construction d'un nouveau bâtiment.
En moins d'un an, l'ancien casino est démoli et remplacé par un nouvel établissement flambant neuf, inauguré en grande pompe le 20 juillet 1967. Il comprend une grande salle de danse et de spectacle, un pub, une salle de jeu de boule, des vestiaires pour la clientèle des tennis et un drugstore. Petit à petit, Xavier, Jean et Isabelle, qui ont eu le temps d'apprendre le métier, s'affirment dans la gestion de l'établissement réputé pour ses tennis, ses jeux de casino et son fameux pub. En 1979, ils modernisent la grande discothèque Le Sand's avec une piste lumineuse et l'un des premiers rayons laser utilisés en France, importé directement des USA.
En 1986, Mme Hoffmann finit par confier définitivement à ses deux fils les rênes du casino. Celui-ci draine alors toute la jeunesse dorée de la région. 1991 est l'année de la révolution avec l'arrivée des machines à sous permettant des rentrées financières bienvenues. Et en 1998, après deux ans de travaux, le public découvre un nouvel établissement luxueux, de style Louisiane, avec plusieurs salles de jeu, une brasserie et un restaurant gastronomique. En 2007, les quatre enfants, tous actionnaires, cèdent la main au groupe Joa, signant la fin d'une entreprise familiale heureuse et réussie, tout à fait unique dans le département de la Vendée.
Textes : Séverine Le Bouris Photos : collections archives municipales des Sables-d'Olonne
Editions Kairos
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