Le "bowl" des Sables d'Olonne fait le plein de skateurs !
Dans la mouvance des skateparks de Marseille ou Biarritz, le « bowl » sablais, enfoui et tout en béton, a rapidement trouvé son public. Les jours de beau temps, jeunes et moins jeunes, quand ils ne sont pas sur l'eau à surfer, s'y pressent pour des sessions de pure glisse.
"Nous avions vingt-cinq ans de retard, nous avons maintenant cinq ans d'avance !", lance Stéphane Tournade devant le skatepark enfoui au pied de l'ISO aux Sables-d'Olonne, face au spot de Tanchet. Vaste baignoire enterrée, tout en béton, le nouveau "bowl" sablais est unique dans le département. Dessiné par Hall 04, Le cabinet d'architectes spécialisé d'Hossegor, il n'a pas à rougir face à Marseille, sacrée capitale française du skatepark, Amiens ou Crolles, même s'il est de taille plus modeste.
La municipalité des Sables a choisi de bien faire les choses. Le skatepark monobloc en béton est depuis plus de cinquante ans le nec plus ultra pour les structures extérieures. Non seulement il épouse au mieux l'évolution du skateboard moderne, affirment les spécialistes, mais il offre également l'avantage de présenter des nuisances sonores minimales, la structure étant pleine et enfouie. "Une structure comme celle-ci fait six fois moins de bruit qu'un skatepark en bois ou en métal", souligne l'élu sablais. Et, cerise sur le gâteau, le béton assure une durée de vie incomparable. On parle d'au moins vingt ans sans entretien, à l'exception d'un coup de balai de temps à autre.
Pour en arriver à ce petit bijou, la Ville a demandé l'avis des jeunes, principaux intéressés. Un sondage a été effectué dans les collèges du Centre et de Bourgenay et au lycée Savary-de-Mauléon. Résultat : 900 réponses dont 120 de skateurs dits "actifs". Un groupe de 12-30 ans a été constitué afin de plancher sur le projet. Ce bowl a coûté 80 000 € dont 20 000 € apportés par le ministère des Sports. Le résultat fait l'unanimité. Depuis son lancement en avril dernier, le bowl ne désemplit pas les jours de beau temps. Lieu de pratique du skate, c'est aussi un espace de rencontre. L'accès est entièrement libre du lever au coucher du soleil - il n'y a pas d'éclairage. Les fans de glisse ont désormais le choix entre le skatepark et la vague de Tanchet. Et comme le bowl sablais est unique dans les environs, on vient de loin pour titiller ses rampes douces et alterner run, slides et airs*.
Un véritable engouement
"C'est clairement le meilleur équipement sur le département... C'est génial !", se réjouit Benoît David qui a participé au groupe de travail et fondé depuis l'association Roulettes mates. Fini, les amendes et les conflits avec les riverains ! Car, faute de lieu dédié, les skaters n'avaient d'autre alternative que d'investir les espaces publics, le mobilier urbain devenant prétexte à une foule de figures variées. Quitte à se mettre à dos la maréchaussée et les résidents...
La pratique du skate est désormais plus encadrée. L'association a obtenu, depuis décembre, deux créneaux d'entraînement au gymnase des Chirons à Olonne-sur-Mer. Tous les dimanches après-midi, et les lundis soir, les skateurs investissent l'espace avec des modules de leur fabrication. "Nous ne faisons pas, à proprement parler, de cours, car ce n'est pas là la demande, mais plutôt de l'initiation et nous donnons des conseils", explique Benoît. Résultat, les effectifs de l'association ne cessent de gonfler avec 80 adhérents au total enregistrés en mars. "Le bowl a suscité un véritable engouement et poussé beaucoup de jeunes à se mettre au skateboard." Un sport qui n'a rien d'un effet de mode passager. Importé, comme le surf, de Californie**, il a des adeptes en France depuis les années soixante, bien qu'il ait connu quelques trous d'air. Il partage avec le surf encore ce goût infini pour la liberté et l'itinérance.
L'association sablaise est bien décidée à œuvrer pour développer sa pratique et prêche la bonne parole. Elle souhaite à nouveau mettre sur pied son opération "CaskObowl" pour promouvoir le port du casque. Organisée au cœur de l'été dernier, elle avait fait un tabac. Elle projette aussi de monter une épreuve qui compterait pour le championnat de France. Et attend avec une impatience non dissimulée l'extension promise du skatepark, avec l'installation de modules de "street" reprenant les formes du mobilier urbain (bancs, marches d'escalier, trottoirs, mains courantes), pour skater encore différemment !
Texte : Séverine Le Bourhis ; Photos : Benoît David
Editions Kairos
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* Figures de skateboard.
** La légende raconte que les bowls auraient été inventés par des skaters qui pratiquaient la discipline dans des piscines vides que l'on interdisait de remplir à cause de la sécheresse.