Le VAA surfe sur le rivage vendéen
Moyen de locomotion des Polynésiens, le va'a, ou pirogue polynésienne, est un loisir et un sport qui se développe en France. Aux Sables, ils sont de plus en plus nombreux à goûter au plaisir de la glisse sur ces jolies embarcations effilées, armées d'un balancier. Sport d'endurance, le va'a est aussi une discipline technique où il faut apprendre à jouer avec les vagues. Et à ce jeu-là, les Sablais savent créer la surprise...
Discrets, élancés et élégants, on les voit glisser paisiblement dans la baie en fin de journée à la belle saison. Les va'a, ou pirogues polynésiennes, ou encore outriggers dans les pays anglo-saxons, ont depuis quelques années abordé les rivages français. Ces embarcations traditionnelles des Polynésiens ont su traverser le temps en gardant toute leur authenticité. Arrivées aux Sables-d'Olonne vers 2003, elles séduisent d'année en année de plus en plus d'adeptes. La pratique s'est structurée au sein du CKCL, Canoë-Kayak Côte de Lumière, sous l'impulsion d'une poignée de véritables watermen tombés sous le charme de ces jolies embarcations à rames, dotées d'un balancier. Sportifs ou simples amateurs s'y adonnent en solo sur des pirogues individuelles, en double ou en équipage de six rameurs.
Le club a investi dans deux V6 (ndlr : six places) et deux V2. Et les pratiquants les plus mordus disposent de leur propre matériel. Depuis deux ans, une équipe de sept compétiteurs s'entraîne assidûment entre Pâques et octobre, selon les conditions. A bord, se trouvent à l'avant, en numéro un, Franck Gaboriaud, baptisé le fa'a horo (c'est lui qui donne la cadence), derrière lui Fred Allain, puis Bruno Norac, ancien nageur de l'équipe de France et préparateur physique du team, à la quatrième place Fred Gaboriaud, le tahre (qui donne le signal de changement de côté), suivi du "vétéran" Armando da Silva, en alternance avec Nicolas Roussel, et enfin le capitaine d'équipage "Tama", au poste de peperu' (barreur du va'a). "Tama", diminutif de Tamatoa qui signifi e enfant guerrier, est originaire de Raïatea n Polynésie française. Il a débarqué aux Sables il y a dix ans pour passer son bac pro de "Maintenance mécanique plaisance" au lycée Tabarly. Depuis, pris sous l'aile protectrice de Jean-Paul Poulain, exprésident du CKCL, il n'en est plus reparti. Après avoir boudé les premiers temps les eaux sablaises qu'il jugeait trop froides, il a finalement osé y plonger un premier doigt de pied, puis un second... Aujourd'hui, il passe son temps dans l'eau. Surf, paddle stand up, pirogue... c'est selon son humeur et celle de la mer et du ciel. "La pirogue, c'est notre moyen de déplacement en Polynésie. J'ai fait beaucoup de compétitions là-bas, des courses de quartier au championnat du monde en 1998", confie-t-il.
VICE-CHAMPION DE FRANCE 2009
L'assiduité et la motivation de l'équipage qu'il dirige en mer ont payé puisque celui-ci a décroché, l'année dernière à Pradet (dans le Var), à la surprise générale (y compris la sienne), le titre de vicechampion de France, et la troisième place de la Porquerollaise, classique du circuit français ! "On termine deuxième à 43 secondes du premier, après avoir mené la course les trois quarts du parcours", souligne, pas peu fier, Tama.
De quoi donner des ailes à l'équipage sablais qui compte bien rafler, cette année, le titre de champion de France en août à Cherbourg et être sur la ligne de départ de l'édition 2010 de la Porquerollaise. "Notre atout principal dans l'équipe, c'est que nous sommes des glisseurs. Car pour la plupart, nous sommes surfeurs", poursuit Tama. "Beaucoup pensent que la pirogue est un sport de bourrin. C'est en fait une autre façon de surfer. Nous sommes à la recherche de la sensation, de la vague, de la vitesse... Notre grand plaisir, c'est, quand il y a un bon vent de nord-ouest, d'aller surfer au large, des Sables jusqu'au Veillon !" Le CKCL a également dans ses cartons le projet de création d'une toute nouvelle course programmée en mai le week-end de l'Ascension. Calquée sur les courses polynésiennes en haute mer, Vendée Va'a se déroulera, si les conditions météo le permettent, en trois étapes : Les Sables-d'Olonne / Saint-Gilles-Croix-de-Vie et Saint-Gilles-Croix-de-Vie / L'Ile-d'Yeu, le premier jour, et L'Iled'Yeu / Les Sables le lendemain, soit 110 kilomètres au total. Une préparation de choix à la plus grande course au monde, la Hawaï Ki Nui Va'a en 2011, à laquelle les Sablais comptent bien aller faire parler la poudre...
Textes : Séverine Le Bouris
Editions Kairos
karine@kairos-editions.com